CONFLIT PARENTAL ET PROTECTION DE L'ENFANCE: ETAT DES LIEUX...
CONFLIT PARENTAL ET PROTECTION DE L'ENFANCE : ETAT DES LIEUX
Il n'est guère de séparation parentale sans conflit : faites en sorte que la justice s'en mêle et vous risquez fort de vous engager dans un processus au crescendo tragique dont les enfants feront les frais et que vous ne pourrez plus maîtriser.
A l’issue d’un été qui a vu s’accumuler bien des tragédies très médiatisées, allant de la pendaison d’enfants à la tentative de meurtre d’une petite fille de quatre ans assommée sur un socle de statue sans oublier les enfants laissés en plein soleil dans les voitures , il est peut-être temps de s’abstraire de l’émotion –hélas trop vite évanouie-pour s’intéresser au fonctionnement actuel et aux défaillances de notre protection de l’Enfance face à la montée en flèche des séparations parentales.
Quand un couple parental se sépare, plusieurs attitudes sont observées :
1- Père et mère se préoccupent prioritairement de leur(s) enfant(s), prennent conseil auprès de personnes de confiance (leurs familles, leurs amis) ou ont recours à des professionnels de l’enfance (psychologues) ou encore décident de s’engager dans une médiation spontanée au cours de laquelle un professionnel les aidera à mûrir leur réflexion et à choisir la meilleure solution pour l’équilibre du ou des enfants.
2- Père et mère entrent en conflit. Chacun avance ses griefs contre l’autre parent et cherche à l’emporter… Combat d’honneurs bafoués, basses vengeances du conjoint « abandonné », sentiment de propriété du ou des enfants. Alors la machine infernale est lancée. On sollicite la justice et on attend (pour voir… comme au poker) ce que le juge va décider en fonction de sa propre approche de la situation de sa propre personnalité, de son propre vécu, bien entendu dans le cadre de la loi de 2002 qui permet tout et son contraire.
>>> Si tout se passe plutôt bien, que le JAF et les avocats réussissent à calmer les esprits, l’affaire sera gérée , le juge statuera avec prudence sur la garde de l’enfant qui échappera peut-être à des situations qui ne préserveraient pas son équilibre, comme des gardes alternées imposées dans des situations très défavorables.
>>> Si le conflit se fait trop criant, l’affaire monte d’un cran et risque fort d’aboutir chez le Juge pour Enfants. Des enquêtes de tous ordres sont alors demandées à des éducateurs et des assistantes sociales (péchant souvent par excès de zèle), des expertises psychiatriques sont ordonnées ainsi que des médiations sur injonction judiciaire. Pour peu que le conflit perdure, le juge dans bien des cas prend des décisions très cruelles comme son placement en famille d’accueil ou en foyer. L’enfant devient alors la victime innocente du conflit parental .
Il faut savoir qu’en France la moitié des placements d’enfants ne répondent pas vraiment à une mise en sécurité de ces derniers mais à une mesure coercitive visant avant tout les parents. Selon les sources officielles, il y aurait environ 135000 enfants placés en famille d’accueil ou en foyer. Le juge Jean-Pierre Rosenczweig évaluait en 2004 ce marché de l’enfance à 5.34 milliards d’Euros Chaque enfant placé coûte en 2008 72000€/an à la collectivité : ce seront près de 10 milliards d’euros qui seront investis cette année. L’enjeu financier est donc considérable.. Mais là où le bât blesse, c’est que 50 % des placements ne sont pas justifiés selon l’aveu même de monsieur Pierre Navres, Inspecteur Général de l’Action Sociale. (Emission Envoyé Spécial de France 2 du 07.06.2007.) Si seulement les enfants en tiraient toujours profit ! Hélas, l’idéologie qui prévaut encore trop souvent parmi les services sociaux, conduit à empêcher enfants et familles d’accueil de nouer des liens affectifs. Foin de la résilience et des recommandations de Boris Cyrulnik
3- Pour dresser un tableau complet des dysfonctionnements qui jalonnent la protection de l’Enfance en France, il ne faut pas oublier ces dizaines de milliers d’enfants qui subissent des agressions physiques et souvent sexuelles dans le cadre familial. Force est de constater que notre police et notre gendarmerie mènent des enquêtes sérieuses, prudentes et approfondies. Aujourd’hui les enfants victimes sont auditionnés dans de bonnes conditions ; Des médecins légistes et des pédopsychiatres sont sollicités et rendent leurs rapports sans complaisance. Hélas, la justice donne la priorité aux droits de l’agresseur potentiel présumé innocent sur la protection de la petite victime. Les signalements, les plaintes, les rapports des médecins légistes sont trop souvent lettres mortes. Classements sans suite et non lieux concernent 70 % des plaintes pour violences sexuelles. Le parent non agresseur entend alors protéger coûte que coûte son enfant. Il tente tout pour que ce dernier ne soit plus mis dans les griffes de l’agresseur. Mais,comme la justice n’entend ni les experts ni l’enfant ni le parent protecteur, ce dernier est alors tenté de pratiquer la non- représentation d’enfant, se rendant coupable du crime de lèse-justice. L’institution, qui entend conserver sa haute autorité inaliénable, ne tardera pas à envoyer l’enfant en famille d’accueil ou en foyer et le parent protecteur en prison. Bientôt, le juge accorde un DVH, voire la garde totale de l’enfant au parent prédateur.
Tel est le constat que l'on peut établir à partir des multiples cas rencontrés par nos associations, lesquelles ont en vain, jusqu’à ce jour, alerté les plus hautes autorités de l’Etat. Pour mémoire, si vous n’avez pas peur d’ouvrir les yeux, revoyez l’émission d’ Elise Lucet que France 3 avait présentée après quatorze mois d’enquête en 1999.
http://www.dailymotion.com/video/xxhsj_reportage-complet
(reportage-complet)
Et si rien ne bouge, c’est donc qu’il faudra graver ces petites tragédies dans la pierre polie (trop polie !) des "détails" de l’histoire.
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